HTSMA (2)

 

La thérapie va s'appuyer sur ce mouvement nouveau pour l’amplifier en terme de changement.

Tout sujet a en lui et autour de lui des ressources qui peuvent être mobilisées dans le sens de l’amélioration (utilisation des ressources, recadrages, métaphores).

Cette expérience de changement va rompre les boucles dysfonctionnelles (tentatives de solutions) que le sujet vit avec lui-même, les autres et le monde, et permettre une nouvelle perception de ses problèmes et de sa vie (restructuration cognitive), favorisant ainsi des modes relationnels mieux adaptés. La pertinence du travail thérapeutique s’évalue à partir de ce qui change chez le sujet dans sa vie quotidienne.

Le travail de réassociation peut s’effectuer à l’aide des mouvements alternatifs mais aussi de prescriptions de tâches, de recadrages, de métaphores, d’accompagnements idéomoteurs (gestes). C'est pourquoi l'HTSMA, dans son usage des mouvements alternatifs est une méthode plus «large» et en même temps un peu différente de l'EMDR, même s'il y a de grandes ressemblances dans l'utilisation de ces mouvements alternatifs et des protocoles utilisés.

Par exemple, lorsque le thérapeute souhaite que l'on travaille ensemble sur 2 représentations différentes arrivant à un moment de la séance, l'une chez lui et l'autre chez le sujet, il lui propose de poser sa main dans la sienne et il continue avec les mouvements alternatifs. Ce dispositif permet aussi de travailler les processus d'attachement et de séparation tels que les a conceptualisés BOWLBY à partir des observations en éthologie de HARLOW sur les comportements d'attachement des petits singes, et également des observations des bébés : c'est à partir du plaisir du contact avec une figure d'attachement que le petit vit une expérience sécure qui lui permet alors d'aller explorer le monde en s'éloignant d'elle.

 

On peut aussi, pour mettre en scène (externaliser) les problèmes à traiter, utiliser des marionnettes, y compris avec des adultes!

 

Exemple de travail avec une adulte dans une séance consacrée à sa phobie des araignées.

Cette jeune femme projette sur l'écran imaginaire, tout en étant très angoissée au départ, une araignée aux pattes velues. Je la fais focaliser son attention sur les pattes, l'élément le plus inquiétant pour elle. Elle se calme assez vite grâce aux effets des stimulations alternatives. Elle exprime la peur que l'araignée ne lui saute dessus, l'angoisse revient. Je l'invite à faire venir l'araignée sur elle, elle sent alors son contact qui se transforme en affleurement par une plume, l'angoisse s'apaise à nouveau. Elle exprime une peur irrationnelle que l'araignée lui saute sur le visage, je l'invite à agir, par exemple à chasser l'araignée, ce qu'elle fait dans un mouvement qui ressemble à un déplacement d'une mèche de cheveux. Je le lui fais remarquer, ce qui dédramatise la situation. J'associe sur une expression qui me vient, la peur d'avoir «une araignée dans le plafond», c'est-à-dire d'être «folle», alors même qu'elle venait d'exprimer la crainte qu'une araignée dans sa toile accrochée au plafond ne lui tombe dessus. Cette métaphore constituant un recadrage de ses peurs nous fait rire ensemble. Elle se trouve alors dans une posture de détente corporelle et elle peut voir l'araignée sur l'écran sans angoisse. Invitée à dire ce que ce travail va lui permettre de faire (projection dans l'avenir), la séquence se termine sur l'idée qu'elle pourra sans doute davantage regarder une araignée sans rester paralysée ni ameuter ses proches afin qu'ils ne la tuent.

 

Autre exemple de travail avec un homme d’environ 50 ans, chauffeur routier, à la personnalité bien structurée, présentant des troubles post-traumatiques suite à une agression par surprise à côté de son camping-car. Première séance d’HTSMA 3 mois et demi après l’agression, située un mois après une séance de prise de contact avec moi n’ayant entrainé aucune amélioration (conjointement à un traitement anxiolytique sans effet). Il présente toujours les troubles suivants (classiques dans les suites des traumatismes): fatigue dépressive, repli sur soi, sommeil agité en camping-car lors d’un essai, comportements d’évitement, irritabilité.

Angoissé sans le dire, il retarde le travail annoncé en parlant vacances avec moi; l’alliance thérapeutique se renforce en échangeant autour de voyages à l’étranger centrés sur les moyens de transport et la relativité de la notion du danger encouru.

Il externalise sur l’écran, en zoomant sur un moment représentatif, sa femme qui pleure quand il reprend conscience dans le camion des pompiers, alors qu’il se dit qu’il ne s’est pas comporté comme un homme. Cela s’accompagne d’un sentiment d’impuissance et d’une boule au ventre. «Non, vous n’allez pas me faire pleurer ! » dit-il alors que les larmes montent.

Il s’apaise en une séquence de mouvements oculaires, il lui vient qu’il a fait ce qu’il fallait, qu’il s’est bien comporté et que c’est normal que sa femme pleure. Il sent l’angoisse partir vers le bas, comme dans une diarrhée, il fait de lui-même le geste. Il me dit que je fais des miracles et qu’il n’aurait jamais cru qu’aller voir une psychologue pouvait autant aider…

Deuxième séquence, nouvelle montée de larmes car il craint de rester irritable comme il l’est depuis l’agression: il se sent soulagé à fur et à mesure que «son âme et sa respiration se libèrent» (geste spontané vers le haut) et que l’agressivité tombe.

Troisième séquence, il sent ses pensées s’envoler, portées par des nuages. Nouveau geste spontané, de gauche à droite cette fois. L’angoisse est descendue presque à zéro, il reste «quelques poussières». J’ai eu le sentiment qu’il avait dépassé pendant ces deux séquences l’angoisse de mort ressentie pendant l’agression; il décrit en tout cas son vécu comme une libération.

Quatrième séquence, il époussète (geste spontané), il me dit qu’il a chassé successivement ce qui restait comme reliquat des problèmes. Plus d’angoisse du tout.

Je lui fais ancrer tous les gestes spontanés dans le corps, le troisième geste se transforme en bercements, et le quatrième se transforme en brasse, «il émerge de l’eau et il voit un horizon bleu devant lui».

Je présente à nouveau sur l’écran la scène traumatique, il n’a même pas besoin de refaire ses gestes comme je le lui avais suggéré, cela n’a plus d’impact sur lui.

Il se perçoit comme un homme qui a su garder ses valeurs de calme et qui est fier de lui, pas d’angoisse. Je lui demande ce qu’il va faire après notre séance : il va profiter du week-end en allant à la mer en camping-car. Il me dit au moment de me quitter qu’on aurait du filmer ce qu’on a fait pour le montrer aux autres car il aime pouvoir aider les autres (valeurs fortes chez lui qui s’étaient estompées dans des comportements d’évitement) - réflexion que je m’étais faite quelques minutes auparavant tellement je le trouvais réactif et dans l’anticipation de ce que je pouvais lui proposer!

Lors d’un contact quelques jours après, il me dit aller beaucoup mieux.

Il me semble que si «miracle» il y a, c’est surtout dans la créativité favorisée par cette méthode interactive chez cet homme surpris d’avoir autant de ressources. Cela ne me surprend plus, mais je jubile toujours autant face à cette expressivité libératoire pleine de surprises.

 

Ψ Ma formation

auprès d’Éric BARDOT à partir de 2009.

Je suis membre de l'association francophone d'HTSMA.

 

Voir la page consacrée aux techniques EMDR

Haut de page

Mes références en psychothérapie