Ces méthodes sont toutes nées au Mental Research Institut de Palo Alto (USA) et sont donc très inscrites dans le courant de pensée de Milton ERICKSON et des thérapeutes qui en étaient proches. Approche systémique, approche stratégique et thérapies orientées solutions se recoupent largement tant au niveau des références théoriques que dans leurs pratiques.
D'un point de vue théorique les problèmes des individus ne sont plus considérés comme résultant de l’histoire de la personne ou dus à une déficience de l’individu, mais comme la résultante d’une régulation non satisfaisante du système dans lequel évolue la personne.
Les thérapies stratégiques mettent l'accent sur les stratégies du thérapeute pour induire un processus de changement. Elles sont parfois proches des thérapies familiales systémiques au niveau des moyens d'intervention : c'est normal dans la mesure où elles sont nées dans le même creuset et ont été parfois élaborées par des thérapeutes prenant en charge soit des personnes soit des familles ! Par exemple le recadrage d'un problème (c'est à dire le voir d'un autre point de vue, en le plaçant dans un autre cadre), permet de débloquer la situation. L'intervention paradoxale est une autre stratégie utilisée. En prescrivant le symptôme au sujet qui déclare qu'il se produit malgré lui, en lui demandant de le produire à la demande, l'objectif est de réintroduire l’idée de contrôle du symptôme et l'absurdité de sa poursuite.
La Thérapie Brève a eu au départ comme objectif de réduire la durée de la psychothérapie à ce qui est strictement nécessaire. Les croyances du thérapeute conditionnent souvent le résultat de la démarche. Sous l'influence de la psychanalyse, la thérapie est réputée longue, tortueuse, difficile… Mais il y a peu de rapport entre l'importance ou l'intensité d’un problème et sa vitesse de résolution. En thérapie brève l'intérêt est porté sur ce qui est réalisable et qui peut être changé, plutôt que sur ce qui est inaccessible et qui ne peut être changé (cela évite de perdre du temps sur ce qu'on est impuissant à faire).
La Thérapie Brève Orientée Solutions contourne l’étape de compréhension du problème pour le résoudre. Elle s'intéresse peu aux problèmes à résoudre («pourquoi j'en suis là, pourquoi est-ce que ça fait mal ?»), elle s'intéresse au comment (faire pour aller mieux et résoudre mes problèmes) : elle se centre sur les solutions à mettre en place. Elle focalise l'attention sur le présent et le futur immédiat plutôt que de chercher les causes dans un passé lointain.
Arnoud HUIBERS écrit : «la thérapie centrée sur les solutions a été développée par Steve DE SHAZER et Insoo Kim BERG à Milwaukee aux Etats Unis pendant les années 80. Elle a été développée en réalité comme une rébellion contre la psychothérapie traditionnelle, où le thérapeute est avant tout l’expert. La thérapie centrée sur les solutions vise à travailler ensemble avec le client, qui comprend le mieux ses propres circonstances, de façon à arriver à une solution qui est pragmatique et réaliste. Le résultat est une thérapie brève respectueuse, avec des solutions travaillables, que le client peut réellement mettre en œuvre en effectuant les changements nécessaires.»
ERICKSON disait souvent : «il s’agit simplement de faire quelque chose que vous savez déjà faire». La thérapie mobilise et/ou développe des ressources propres au sujet, déjà présentes. «Le rôle du thérapeute est de repérer et d'amplifier le changement», déclarait BATESON. La thérapie crée une réalité particulière où ce qui est efficace est amplifié, ce qui ne l’est pas est laissé de côté comme des solutions inappropriées. Je dis par exemple, de manière un peu provocatrice, aux parents qui se plaignent que leurs enfants ne gèrent pas leur linge sale, et qui s'épuisent à le leur répéter en vain, qu'ils doivent choisir : · soit leur priorité est leur besoin personnel de propreté. Ils peuvent continuer à faire à la place de leurs enfants (inutile alors de se sentir mal et de s’en plaindre). Ce choix entraîne souvent la poursuite du comportement passif des enfants (puisqu'ils savent qu'on va faire à leur place). · soit ils désirent que leurs enfants acquièrent de l'autonomie. Ils peuvent alors «se mettent en grève» : un enfant qui n'aura plus un seul vêtement propre en tirera des conséquences....
On met donc en avant sur des exemples concrets l'effet de spirale descendante (négative) des solutions inappropriées. Dans la même logique, la résolution du problème peut s'inscrire dans un effet de spirale ascendante (positive): un changement en entraîne d’autres, fait «boule de neige». Il est ainsi possible d’obtenir des changements rapides ou de résoudre rapidement des problèmes.
Le travail s'effectue à partir des objectifs de la personne. Ils doivent être bien définis et réalisables dans un délai raisonnable. On s’intéresse à ce qui peut être modifié. On préfère se centrer sur la réalisation d’objectifs modestes, qui auront des répercussions dans les autres domaines de vie.
Un outil essentiel est de s'intéresser aux exceptions, c'est-à-dire les moments où le problème ne se produit pas. Cette approche utilise aussi des échelles subjectives de progrès (comme les échelles analogiques de la douleur), afin de travailler concrètement sur les changements.
A première vue il existe des analogies avec l'approche TCC mais l'approche thérapie orientée solutions est plus proche du courant éricksonien que de l'approche comportementaliste.
En France le Dr Marie-Christine CABIE a développé cette approche bien décrite dans un livre (qui fait référence en la matière), qu'elle a publié avec Luc ISEBAERT.
Ψ Ma formation Auprès de Marie-Christine CABIE en 2005 |
Les thérapies brèves orientées vers les solutions, les thérapies stratégiques
Alors que les psychothérapies traditionnelles focalisent leurs efforts sur la recherche des origines des difficultés psychologiques, les approches systémiques et stratégiques s'intéressent à la façon dont les problèmes se manifestent dans le présent. Les thérapies stratégiques et les thérapies brèves d’inspiration éricksonienne utilisent le contexte de vie actuel des personnes pour les résoudre. Elles portent leur attention sur le processus qui aboutit à des tentatives de solutions inappropriées plutôt qu’au contenu du problème.
Un grand principe des thérapies orientées solutions relève du bon sens: « ne réparez pas ce qui est cassé. Si quelque chose ne marche pas, arrêtez, faites quelque chose de différent. Si quelque chose marche, continuez, faites-en davantage ! » Pourtant combien de fois persistons-nous dans des solutions inefficaces ! |
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