Longtemps critiquée en France par le courant dominant, la psychanalyse, l'approche TCC est mieux reconnue actuellement, d'une part parce qu'elle est appréciée par un nombre important de personnes pour ses résultats, d'autre part parce qu'elle se définit comme scientifique en validant ses méthodes d'intervention et ses résultats.
Le modèle cognitif trouve ses origines dans les années 1960 dans les travaux de T. BECK sur la dépression puis l'anxiété, dans lesquelles il relève la présence de blocages cognitifs au changement : pensées automatiques, dialogue intérieur… Chaque être humain interprète les situations qu'il vit par l'intermédiaire de pensées ou d'images mentales, sur fond de croyances apprises. D'elles dépendront l'humeur et le comportement de l’individu. Le modèle cognitif postule que la plupart de nos problèmes viennent de pensées erronées et de croyances sans réalité objective. L'approche cognitive a pour but de restructurer ces schémas en les amenant à la conscience et en critiquant pensées et croyances limitantes.
Les Thérapies Cognitives et Comportementales (TCC) mettent en évidence ces dysfonctionnements agissant au niveau cognitif (distorsions cognitives, pensées dysfonctionnelles...). Ils sont expliqués afin de pouvoir ensuite les remettre en cause, les modifier ou les éliminer, et permettre ainsi de nouveaux comportements plus adaptés.
Dans les dépressions par exemple, reconnaître qu'un certain nombre de cognitions négatives sont en lien précisément avec la dépression est un temps important pour la personne, car cela lui permet de percevoir ses pensées comme des distorsions et de ne pas être habité et gouverné uniquement par elles. BECK se proposait de faire accepter à ses patients le principe que leurs pensées n'étaient pas nécessairement appropriées et relevaient de pensées ou d'images automatiques venant à l'esprit. THIOLY les décrit de manière imagée en terme de «faux plis». Les cognitions négatives se rapprochent du concept d'auto-hypnose négative.
La restructuration cognitive, en mettant les cognitions à l'épreuve de la réalité, permet de changer certaines de nos difficultés, en remettant en question notre manière de les percevoir. Par exemple comprendre que le regard de l'autre dépend parfois plus de son vécu personnel que de nous-même peut nous soulager d'un grand poids, et notre crainte du jugement de l'autre s'en trouve allégée en analysant aussi nos craintes, nos pensées et notre ressenti.
Différents outils d'auto-observation sont utilisés (échelles...). Des techniques de relaxation ou de méditation en pleine conscience (apport du français Christophe ANDRE) aident à apaiser tension interne et corporelle. Dans la technique de désensibilisation, on expose le sujet à une situation anxiogène afin qu’il s’habitue, apprenne une nouvelle réponse. Une exposition répétée fait baisser l'angoisse ; elle s'accompagne d'une restructuration cognitive qui se met en place au fur et à mesure. On a en effet observé les effets suivants : · l’anxiété baisse si on prolonge l’exposition · l'intensité maximale d’anxiété baisse si on répète les expositions · la durée de l’anxiété baisse si on répète les expositions
Il en fut ainsi d'une femme présentant une phobie qui avait construit avec moi un protocole d'exposition à 10 situations, de plus en plus critiques. Alors qu'elle avait choisi de s'attaquer à la situation la plus facile, elle est revenue la fois suivante en entretien en ayant « tout réglé », me disant avoir trouvé trop stupide la consigne d'exposition à un problème ridicule... On pourrait ainsi dire que la méthode était bonne vue la rapidité du changement - mais en étant honnête, c'est l'autocritique et la créativité de cette jeune femme qui a été au premier plan. De plus, la personnalité du thérapeute intervient forcément dans la thérapie, rendant difficile l’objectivité scientifique d’une expérience qui se devrait d’être reproductible.
Je n'aime pas non plus trop travailler en référence à des protocoles, j'aime me laisser surprendre par la relation et orienter la thérapie au gré des avancées, en changeant d'abord si besoin, selon ce que je ressens d'important pour la personne engagée dans un processus de changement. Par contre je puise volontiers dans certains protocoles des TCC et j'utilise certaines grilles d'auto-observation lorsque je les trouve utiles, par exemple dans les comportements addictifs (boulimie...).
J'apprécie l'aspect pragmatique des thérapeutes TCC, qui recherchent avant tout le mieux-être de leurs patients, d'autant qu'ils mènent leurs thérapies parfois de manière très humaine. Et je suis par ailleurs d'accord avec le fait que faire disparaître rapidement le symptôme ne conduit pas forcément à sa réapparition ou à son déplacement ailleurs, contrairement au credo de certains psychanalystes. D'expérience une personne qui vit une expérience de changement va souvent de l'avant car elle lève ses limitations. Par contre le thérapeute TCC reste parfois trop au niveau cognitif, ce qui peut amener à la non levée des blocages affectifs, par exemple.
Il y a par ailleurs des ponts certains entre les TCC et les approches stratégique et systémique, l'HTSMA via l'EMDR, la relaxation et même avec l'hypnose éricksonienne - les différents théoriciens se sont d'ailleurs parfois fréquentés et influencés. TCC et hypnose d'inspiration éricksonienne prennent ainsi en compte les systèmes de croyance. Toutes deux conçoivent les troubles psychiques comme relevant plus de processus plutôt que de structures ou d'états fixes. Elles prônent un « apprentissage d'apprentissage » (même si les moyens sont différents). Dans tous les cas les thérapeutes sont actifs et dans une attitude empathique, ils cherchent à autonomiser leurs patients. Enfin ils tentent de faire clarifier des objectifs de changements concrets et réalistes. La pratique de la relaxation et en particulier de la respiration est aussi un outil utilisé en TCC pour aider les personnes à se calmer dans les temps d'exposition aux situations génératrices de stress. Au point qu'un médecin à qui j'exposais ma pratique à propos d'un patient commun m'a dit que j'étais formée en TCC alors que cela n'est pas le cas! Cela est logique puisque je fais souvent référence à la même manière de penser l'individu sous certains aspects (ses croyances, ses «pensées»...), et que j'utilise les concepts et manières de faire des TCC, lorsqu'ils me paraissent intéressants et adaptés. |
L'approche cognitiviste et cognivo-comportementale (TCC )
Les TCC s'attachent à analyser les pensées, les représentations mentales et les croyances du sujet qui entraînent des comportements non adaptés dont il souffre. Par différentes techniques, elles l'aident à critiquer pensées et croyances limitantes et à mettre en place des comportements plus adaptés à ses yeux.
Je ne suis pas formée aux TCC mais je m'y retrouve parfois dans une certaine logique de pensée, qui présente d'ailleurs des similitudes avec les approches que je connais.
J'utilise certains outils TCC, certaines grilles d'auto-observation pour amener certaines personnes à s'observer au quotidien. J'intègre souvent cette démarche dans une manière de faire assez ludique. |
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