En pratique, la RSD (2)

 

La RSD se pratique en séance individuelle ou de groupe, d’abord en position couchée, puis assise, puis debout.

Allongé ou assis sur un support confortable, sollicité par la voix du relaxateur à se décontracter et à accueillir ses sensations, le relaxant entre dans une attention à soi. Le relaxateur vous invite en vous guidant à approfondir vos sensations corporelles, en particulier :

· la lourdeur et la pesanteur du corps dans son ensemble ou de parties du corps

· la perception et la détente des muscles striés, ressentie grâce à des contractions ou à des étirements de différents segments du corps suivis de leur relâchement

· l’approfondissement des sensations par la respiration

· le relâchement du tonus postural par l’abaissement du niveau d’énergie dans l’exécution du mouvement

· le ralentissement du contrôle mental

· la détente des muscles lisses des fonctions digestive et circulatoire, de la peau, des sens (vision, audition)

· la perception des os et la détente articulaire …

 

Chaque séance s’accompagne d’un temps de verbalisation de l’éprouvé corporel.

Dès la première séance, le relaxateur vous invite à être attentif à des sensations d'appui et de portage, à l'aide de la perception des points d’appui du corps contre le support

La première séance commence en général par une « mise au calme » en position couchée (ou assise), sans exercice en mouvement. Elle consiste à voyager dans le corps en induisant la décontraction de toutes les parties du corps, avec une attention particulière aux points d'appui, en même temps qu'est suggéré le portage du support: première approche des sensations de contact avec impression d'être contenu. On porte aussi son attention sur tout ce qu'est un corps vivant, en explorant les autres sensations que sont la respiration, la pesanteur, les sensations circulatoires...

Au fil des séances l’exploration des sensations se poursuit dans le mouvement. On effectue sur différentes parties du corps des exercices de contraste tonique - tendre puis lâcher - en commençant par la main dominante. On étire par exemple ses doigts «en éventail», et à l'étirement musculaire peut succéder la sensation de détente musculaire vécue dans la réalité d'un muscle qui se relâche. Vous êtes invité aussi à réaliser des mouvements lents en diminuant l'énergie. Vous explorez ainsi plus précisément votre corps dans la variété des sensations inconnues ou oubliées, région par région (pour la musculature striée, différentes zones des 4 membres, du tronc et de la tête): c'est ce qu'on appelle la relaxation différentielle ou segmentaire (par segments).

 

L'attention, portée moins à la forme des mouvements qu'à des sensations ténues, fugitives, vous permet d'approfondir votre cénesthésie (perception de différentes sensations), la conscience de votre corps, et la sensorialité de vos 5 sens. JACOBSON travaillait le contraste musculaire tendre-lâcher, nous travaillons en RSD sur la cénesthésie dévoilée par ce contraste.

Le ralentissement de l'action motrice permet une modulation de la motricité au cours de laquelle la perception s'enrichit grandement, la capacité d'attention également.

Les chutes (des membres) et les expirations au ralenti permettent d'éprouver des gradations avec une perception qui s'ouvre, qui s'affine. A l'inverse, les chutes libres et les expirations libres permettent de faire tomber massivement et mécaniquement une bonne partie des tensions, de couper court à des ruminations obsessionnelles.

L'inscription dans l'espace physique du monde, déjà présente dans le portage des débuts, s'accentue avec les sensations de lourdeur. Au rythme de votre respiration, vous vous laissez de plus en plus porter par le support, au point de lâcher prise et de se sentir agréablement lourd. L’abaissement du tonus musculaire et du contrôle tonique vous permettent d’accéder à un état de relaxation profond autant physique que mental. Cela permet l’abandon du contrôle cérébral, cependant que le ressenti de soi s’intensifie et se diversifie à travers les sensations corporelles. Alors que le relaxant affine sa perception, il ressent la continuité d'exister, l'intensité d'être, vivant, en relation.

Dans les premiers mois, vous découvrez aussi vos tensions. Vous vous sentez faire et repérez comment vos émotions les plus infimes entraînent des réponses toniques, accédant ainsi à une meilleure connaissance de vous. Par la suite, le bien-être et le lâcher-prise peuvent s'installer au fur et à mesure que le corps mémorise des expériences agréables dans la lourdeur et la chaleur. Tout cela freine la peur et amoindrit l'anxiété d'abandon relationnelle: en effet, la conscience établie du corps dans un mouvement grand ou petit, actif ou passif, vous inscrit dans une continuité d'existence nouvelle, et vous rend plus acteur de vos états et de vos actes.

La respiration est ressentie par la circulation de l'air entre dehors et dedans, et le vivant incontrôlé du réflexe pulmonaire : ça respire tout seul, et ça circule aussi, en liaison avec la respiration, mais vous pouvez avoir un pouvoir, une action sur ces processus. Les respirations (thoracique supérieure, thoracique inférieure, abdominale, à 2 ou à 3 temps) viennent amplifier la décontraction. Les émotions sont calmées plus rapidement et la distance, le for intérieur s'installent plus solidement.

Après la mise en place de ces exercices, la détente musculaire est approfondie grâce à une respiration coordonnée aux mouvements. La respiration se coordonne peu à peu spontanément à tout mouvement.

L'unité du corps s'affine de plus en plus grâce à des exercices intégrant et reliant différents segments voire le corps en entier.

 

Par la suite, des exercices se pratiquent aussi assis, debout, en mouvement, ce qui permet une meilleure intégration de la relaxation à la vie de tous les jours.

 

La relaxation alterne avec un travail toujours allongé pour les intériorisations, c'est-à-dire le travail sur des exercices de perception et de relâchement des muscles lisses à l'intérieur du corps (intestins...), plus subtils à percevoir, sur les grandes fonctions, et les sens visuel et auditif. Le travail sur la circulation du sang, le pulmonaire, le digestif, l'appareil génital, les os, la peau n'est possible que parce que la détente profonde est désormais facilement accessible et que la perception est devenue beaucoup plus fine. Les muscles lisses ne peuvent pas se contracter mais peuvent se détendre, et la détente s'approfondit beaucoup. Cela a un effet certain sur votre aptitude à prendre soin de votre santé, à la recouvrer parfois ainsi.

Cette phase fait aussi métaphoriquement «grandir» le relaxant passe de la position couchée à la position assise, face au relaxateur, ce qui modifie le transfert, cela l'autonomise et le replace en position sociale. Sa place avec les autres, celle de sa parole que la relaxation assise intègre, l'intégration de la détente à toute activité deviennent les thèmes majeurs.

Place du toucher en RSD

Le relaxateur RSD vous aide à sentir que vous pouvez lâcher encore en vous faisant faire le mouvement en mobilisation passive, en vous faisant vivre des chutes libres de membres, en roulant une jambe, en faisant bouger une épaule etc.... Ces «contrôles» des 4 membres en fin de séance servent aussi à évaluer conjointement la profondeur de la détente. Ils sont particulièrement utiles à ceux qui ont du mal à sentir leur corps, ils font gagner du temps.

 

Pratiquer la RSD pendant et hors des séances

La répétition régulière des séances de travail corporel et verbal établit une relation structurante entre relaxant et relaxateur. La répétition régulière seul, hors séance, des exercices, va autonomiser de semaine en semaine votre pratique avec des effets sur votre personnalité. Votre nouvelle conscience corporelle vous permettra d’intégrer la détente, sans avoir à y penser, à toute votre activité et à vos attitudes mentales les plus complexes. Elle régulera votre énergie dans les tâches, elle favorisera meilleure efficience et créativité expressive; vos émotions s'équilibreront entre affirmation de soi et ouverture au monde et aux autres.

Le relaxant autonome va poursuivre sa relaxation tout seul et, avec elle, sa découverte de lui-même, des autres, et du monde.

 

Pour les curieux: petite histoire de la RSD

La RSD s’est élaborée sur la base de la méthode JARREAU KLOTZ, une des premières méthodes de relaxation en France en 1955, dans le sillage de DE AJURIAGUERRA et du Training Autogène de SCHUTLZ. La psychanalyse était quasiment alors la référence obligée chez les «psys», même dans les techniques psychocorporelles.

Avec les apports du Training Autogène et de la méthode du psycho-physiologiste américain Edmund JACOBSON, le Dr Raymond JARREAU ébaucha une méthode à laquelle il initia le Dr. Reine KLOTZ, laquelle introduisit, dès 1962, l’utilisation et l’intégration à l’activité en détente de mouvements amples, en partie inspirés de la danse classique. Par la suite, les respirations du Hata Yoga, la méthode de détente pour les musiciens et les danseurs inventée par R MARTENOT, les exercices du violoniste Youri BILSTIN et les exercices sensoriels du Dr. Roger VITTOZ vinrent encore enrichir la méthode qui devint à la fin des années 60 la Relaxation Statico-Dynamique.

 

La RSD avait commencé à s’exercer à la fin des années 50 dans un service de gastro-entérologie puis, à partir de 1962, elle développa son efficience avec les malades psychosomatiques et les spasmophiles dans le service d’endocrinologie - médecine psychosomatique du Pr. Pierre-Henri KLOTZ, à l’hôpital Beaujon (Clichy) où elle s’exerce encore en alcoologie.

 

A partir de 1978 en effet, la psychologue Marie-José HISSARD y apporta de nouvelles modifications en travaillant l'intérêt de la baisse d'énergie dans le mouvement pour le recentrage du sujet, en développant la détente des organes internes et des fonctions essentielles; plus particulièrement, elle a approfondi le sens psychothérapique des pratiques corporelles dans cette méthode et l'application élargie de la RSD aux troubles narcissiques et à la maladie alcoolique en particulier.

La RSD a fait longuement ses preuves dans ce cadre, entre autres dans les domaines difficiles de la médecine psychosomatique, et, grâce à l’esprit expérimental du Pr Bernard RUEFF et du Dr Philippe BATEL, de l’alcoologie et des addictions. En effet, pour les personnes avec une addiction, l'unité ressentie du bien-être est interdite par un malaise corporel permanent; le produit semble tenir alors un rôle relaxateur unificateur apaisant dont le sujet ne trouve pas la chimie en lui. La relaxation avec son bien-être circulatoire, son portage régressif, sa fonction auto-calmante et unifiante, peut apporter comme une expérience chimique, proprioceptive, humorale, sensorielle. Ceci peut aboutir avec la répétition patiente par "tenir" et "contenir" le malaise primitif, soutenue probablement par la capacité relationnelle et particulièrement l'empathie corporelle du relaxateur RSD.

 

M-J HISSARD a toujours eu le souci, tout en étant psychanalyste, de donner en relaxation une place majeure à un corps bien réel dans ses sensations physiques. Ceci en contraste à d'autres méthodes de relaxation dans lesquelles, de mon point de vue, il s'agit plus d'un travail avec un corps plus imaginaire servant à un travail de type psychanalytique (la relaxation analytique), ou d'une approche globale d'emblée comme en sophrologie, dans une approche dérivée de l'hypnose (de mon point de vue).

 

Ψ Ma formation

auprès de Marie-José HISSARD à partir de 1989. J'ai participé à la création de l'APERSD, association dans laquelle je m'investis toujours.

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Mes références en psychothérapie